Et si on regardait en l'air, le nez au vent ? Oui, on risque de se prendre les pieds dans le tapis, vous me direz... Mais n'est-ce pas plus enthousiasmant d'être accompagné par des troupeaux de petits moutons que poursuivi par des petits tas de poussières sous le tapis ??

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l’étiquette n’est pas que l’art de bien se comporter en public

malheureusement le plus souvent

l’étiquette est devenue un moyen de berner le consommateur

dans la plus somptueuse des légalités

lisez bien l’emballage de votre paquet de biscuit

l’étiquette « composition » est sur le petit côté, en gris, en typo 8 points

prenez une loupe

« agent édulcorant de synthèse »

ah bon !

agent, agent… ??

là, vous êtes bien avancé !

autant dire truc, truc qui mélange tout, truc fabriqué artificiellement, non ?

le problème est qu’il n’y a pas que les biscuits

la farine, par exemple, pour du pain, des biscottes et surtout pour faire soi-même la cuisine...

gamin, je ne comprenais pas l’expression se faire rouler dans la farine

bien sûr on peut manipuler facilement les pâtons enfarinés...

mais une autre signification existe, plus sournoise

en assistant à la disparition des coquelicots j’ai compris.

Ces belles fleurs rouges font tache - pour certains- dans un champ de blé

il faut éliminer ces mauvaises herbes !

chimistes et labos volent au secours des paysans

l’invention du siècle est là, déversée par monts et par vaux

grâce à d’immenses rampes

pulvérisation d’un « agent de traitement phytosanitaire »  un agent ! aaah ! j’ai eu peur !

Oyez oyez, braves gens !

les pesticides ? Mais c’était le moyen âge !

Pouf pouf ! Un coup de baguette magique, et vogue le navire !

On ménagera un petit coin douillet discret pour les fafiots ! (Seychelles?)

vous avez bien compris la leçon ?

remplacer un mot simple d’usage et de sens précis

par un terme flou neutre mais le plus ronflant possible

et surtout ne pas lésiner : en mettre trois quatre à la queue leu-leu

les siècles ont passé

les médias peuvent vous cajoler

Jean Baptiste Poquelin doit bien rigoler

lui qui n’avait pas eu la mesquinerie de breveter son honnêteté

Avant de parcourir cette exposition*

Vous êtes peut-être certain 

Que le « désordre » est naturellement un enfant bâtard (sinon taré !) 

De la mère « pauvreté » et du père « abandon ».

Cela saute aux yeux, non ?

D’ailleurs, il y en a beaucoup, des « désordres »…

Mais l’Ordre, il n’y en a qu’un, un vrai, un authentique, immuable.

Les individus qui sont privés de ce gène sont fichus,

Et tant pis pour eux.

Car, sans lui, on ne peut rien faire, absolument rien faire !

Imaginez un seul instant :

Peut-on épargner la moindre petite somme sans aucun ordre ?

Peut-on soigner réellement sans cette clairvoyance méticuleuse ?

Peut-on communiquer sans langage digne de ce nom ?

Et puis, le désordre, c’est pour les animaux, n’est-ce pas ?

A part les abeilles, les fourmis, les loups…mais…bon…

Donc tout cela parait bien clair.

De la naissance à la mort il faut ab-so-lu-ment s’organiser,

Et même, pour bâtir l’histoire, il faut signer des traités, pas des bouts de torchons !

Mais quel est l’Ordre qui ne cherche pas à s’imposer,

Jusqu’à tarir l’imaginaire dont on fait les rêves d’autres.

Alors, tous comptes faits, les petits, les gros, les vieux désordres, qui vont, qui viennent

Sont-ils vraiment…pernicieux ou même inutiles ?

Pour retrouver le sens des richesses enfouies sous les décombres,

Ou qui sommeillent sous les plis d’une peau ridée

Il faut bien s’écarter un peu des chemins battus…

…et se perdre aussi parfois.

* ce texte figurait lors d’une de mes exposition « Ordre et désordres », décembre 2006, à la Maison des Passages (69005)

Des peuples cueilleurs / chasseurs aux peuples éleveurs le saut est grand. Ce fut l'origine de la recherche de la productivité et le début de la grande, l'ultime compétition internationale entre peuples et Etats ; guerres, misère et pauvretés s'en suivirent.

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