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Vous avez dit... rouille ?
Vous êtes sûr ?
Embrouille, trouille, carambouille, tambouille, bidouille, bredouille, dépouille…
Pas très reluisant tout cela !
Alors c’est dit, je ne veux pas rouiller, définitivement figé, immobile.
Je veux bouger, je veux sauter, franchir les frontières, les montagnes, les océans
Minéral, végétal.. l'oxydation-malédiction frappe inexorablement tous les règnes
Et les hommes développent des trésors d’imagination pour lui échapper.
Emballages, peintures, bains chimiques, revêtements plastiques, atmosphères contrôlées
Tout est bon pour s’approcher du vieux mythe de l’immortalité.
Les années d’euphorie vantaient le neuf, l’inox, et même le jetable.
Mais pourtant !
Arabesques, pointillismes, moirés, chamarrés, broderies, dessins, ornements, calligraphies…
Tant de rêves à portée de main, à portée de regard. Réfléchissons.
Que serait un camembert qui n’aurait pas vieilli ?
Que dirait-on d’un Château Margaux de l’année ?
Pour tous la rouille est nécessairement rouge-orangée,
Couleur définie avec précision, reproductible
Il n’en n’est rien.
Vieux rouges bien sûr. Bordeaux ? Bourgognes ?
Mais aussi bleus délavés, verts profonds, jaunes citron, loin de la banalité.
La patine du temps peut faire accepter nos orgueilleuses façades
Elle permet aussi bien des mariages féconds.
Existe-t-il un seuil entre la patine et l’outrage du temps ?
L’esthétique de la mort est-elle l’apanage des groupes aisés ?
Donnons des lettres de noblesse à la ferraille, couleurs d'un deuil somptueux.
Dans l’antichambre du découpage
Les ferrailles passent par de multiples couleurs.
Parfois, le jour des funérailles, surgit un arc en ciel
Pour conduire l’âme du vieux fer, "tout rouillé",
A sa renaissance.
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